Le théorème du homard, par Graeme Simsion

Peut-on trouver une épouse sur mesure ?
Le professeur de génétique Don Tillman, génie des sciences mais absolument inapte à vivre en société, en est persuadé. Pour mener à bien son « Projet Épouse », Don met au point un questionnaire extrêmement détaillé lui permettant d’éliminer toutes les candidates qui ne répondraient pas à ses exigences.
Et celles-ci sont nombreuses car pour Don, la femme idéale NE DOIT PAS :
1. Fumer et boire.
2. Être végétarienne et aimer la glace à l’abricot.
3. Se lever après 6 heures.
Mais elle DOIT :
1. Faire du sport.
2. Être ponctuelle.
3. Accepter le Système de Repas Normalisé qui prévoit du homard au dîner le mardi.

Titre loufoque qui se trouvait depuis un bout de temps dans ma wish-list ! Après être sortie de Sérotonine, de M. Houellebecq, j’avais bien besoin d’une histoire fraîche et joyeuse qui restaurerai ma foi en l’humanité. Pari réussi !

Don est un personnage hilarant. Mode de pensée décalé, clown accompli, scientifique brillant, il a vraiment tout pour sortir du lot et séduire tout lecteur qui se respecte. Le voir se débattre avec les humains étranges et peu rationnels qui l’entourent a été un vrai régal. Et pourtant au fil des pages, il évolue, se surprend à devenir moins cartésien au contact d’une fraîche et pimpante jeune femme, Rosie. Regarder ces deux oiseaux rares apprivoiser leurs bizarreries respectives m’a fait m’esclaffer à de nombreuses reprises.

Au-delà de cette histoire sympathique et légère, le roman aborde cependant avec finesse plusieurs sujets profonds. Le premier traite de la difficulté des relations parents-enfants, avec suffisamment de finesse pour éviter les clichés pesants. Les personnages ont assez de personnalité propre pour susciter la compassion du lecteur face à ce lieu commun.

Le second sujet apportant profondeur et nuance au roman concerne l’autisme, plus précisément les autistes dits Asperger. Sans que Don reconnaisse jamais entrer dans cette catégorie ou accepter cette étiquette, il apparaît assez évident qu’il a conscience du décalage de son mode de pensée par rapport à celui adopté par la majorité de ses pairs. Mais bon, ce sont les autres qui sont bizarres ! Pourquoi ne pas mettre en place le Système de Repas Normalisé, si pratique ? Pourquoi ne pas adopter le roulement des 7 ensembles de vêtements, un par jour de la semaine ? Pourquoi ne pas minuter rigoureusement chaque tâche de la journée, ce qui permet un gain de temps remarquable ? J’ai adoré cette manière de présenter les choses. Suivre un personnage autiste aussi brillant et amusant, ce n’est pas donné tous les jours !

J’avais déjà eu l’occasion de voir apparaître de temps à autre un personnage autiste (ou plutôt « artiste », comme ils disent dans ces bouquins) avec la géniale saga « Les Autodafeurs » de Marine Carteron. Le Théorème du Homard complète agréablement le panorama et montre tout l’intérêt du sujet et la nécessité de la tolérance.

En bref : un roman frais et léger, adapté à l’été, mais qui n’est pas sans apporter une touche de profondeur qui fait toute la différence !

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