Les Haut Conteurs tome 1, d’Oliver Peru et Patrick Mc Spare

Peru Oliver La voix des rois 1

1190, Tewkesburry, royaume d’Angleterre. A treize ans, Roland ne rêve que de voyages, de chevalerie et d’aventures. Seulement ses parents ont besoin de lui pour tenir l’auberge familiale. Il ne connaît le monde que par les gens de passage, et son compagnon de tous les instants, l’ennui, semble bien décidé à lui gâcher l’existence.

La venue d’un Haut-Conteur au village va tout changer. Le prestigieux chasseur d’histoires et d’énigmes enquête sur les mystères de la forêt de Dean et sur les goules qui s’y cachent. Il ne craint pas les croque-cadavres et s’enfonce seul dans les ténèbres, nuit après nuit… mais un matin, il ne revient pas.

L’histoire a-t-elle mangé celui qui aurait dû la raconter ? C’est ce que va tâcher de découvrir Roland…

Olivier Peru est un auteur pour lequel j’ai le plus grand respect et admiration, sentiments nés de ma lecture de ses romans Druide et Martyrs. Patrick Mc Spare m’a malheureusement moins convaincue avec Les Héritiers de l’Aube.

Mais la blogosphère s’est tellement répandue en éloges dithyrambiques sur cette nouvelle saga que je ne pouvais pas passer à côté. Enfin, « nouvelle », disons « nouvelle » pour moi, puisque le premier tome est sorti en 2010, et que la série en compte cinq.

Le livre nous présente son personnage principal, Roland, fils de tavernier, jeune garçon qui rêve d’aventures malgré l’avenir tout droit tracé qui se présente à lui. J’ai beaucoup apprécié son caractère volontaire malgré sa touche de naïveté. Roland prend des décisions et s’y tient, en s’efforçant d’agir au mieux.

Je reste quelque peu dubitative sur la relation qu’il noue avec Mathilde, maîtresse Haut-Conteuse. Celle-ci accepte sur le champ de le prendre comme apprenti, et j’ai trouvé que cette relation se développait trop vite, alors que rien n’indiquait que Mathilde ait eu pour projet de prendre un élève. Cette rapidité contribue à donner un caractère « jeunesse » à ce livre et je le déplore. D’autre part, l’attitude sarcastique de Mathilde vis-à-vis du jeune garçon paraît particulièrement peu pédagogue.

J’étais également très, très curieuse de savoir ce que l’on dirait de la voix, dans ce livre. C’est un domaine qui m’intéresse énormément puisque je suis moi-même apprenti-chanteuse. Au premier abord j’ai été un peu déçue : les descriptions à ce sujet étaient très superficielles. Mais après réflexion, je me dis que la chose n’est pas trop mal menée. On pourrait chipoter sur les considérations de technique vocale – quiconque soutient que la voix vient exclusivement de la gorge, ou même des cordes vocales a tout faux. Mais les auteurs ne se risquent pas sur ce terrain, si bien que j’aurais du mal à leur jeter la pierre. Ce que je trouve extrêmement intéressant en revanche, c’est l’idée de cette voix de roi propre à influencer les foules, faire fuir les ennemis… Bref en un mot : l’utilisation de la voix comme arme. J’espère en apprendre plus à ce sujet dans les tomes suivants, que je lirai sans faute.

Il faut aussi que je vous dise un mot de l’enquête en elle-même, pleine de mystères et sans temps mort. Elle est particulièrement réussie puisque le secret révélé à l’issue du roman a été pour moi une énorme surprise. Et enfin, il est nécessaire d’ajouter à cette intrigue menée de main de maître une atmosphère très travaillée qui vous donne le frisson à plus d’une reprise. Cela instaure une ambiance mystérieuse et terrifiante et confère à ce monde médiéval une originalité propre. Les descriptions des lieux ésotériques et du manuscrit qui est l’enjeu de la Quête des Haut-Conteurs font toute la saveur de ce roman.

En bref : un premier tome très réussi, avec un personnage principal attachant et les bases d’un monde très prometteur. Je lirai avec grand intérêt le tome suivant !