Mon premier Stephen King: Misery

Paul Sheldon, auteur à succès, créateur frustré par ses romans populaires, est enfin sur la route de la véritable inventivité. Il s’est débarrassé de son personnage le plus célèbre, Misery, et peut désormais se concentrer pour livrer son grand œuvre. Mais c’est sans compter sur l’accident de voiture qui le met à la merci de sa plus grande admiratrice, l’ancienne infirmière Annie Wilkes. La sauveuse devenue geôlière, incroyablement malsaine et déroutante, force son otage à ressusciter Misery pour une dernière aventure. Préparez vous à plonger dans l’esprit et le processus littéraire d’un auteur acculé par d’effroyables souffrances physiques et morales.

Voilà donc le premier roman de M. Stephen King que j’ai eu l’honneur de découvrir grâce au Book Club organisé en septembre sur Livraddict. A vrai dire, je n’avais besoin que de l’occasion pour me lancer. Et la compagnie, parce que de moi-même, je ne m’aventure pas dans le registre horrifique… Quoique, avec la LC sur Lovecraft en cours, ça promet! Et puis finalement, cette première expérience ne m’a pas rebutée tant que ça… Serais-je une amatrice de frisson qui s’ignore? La suite dans peu de temps, lorsque j’écrirai mon bout de gras sur le fameux créateur de Cthulhu. Tintintintâmmmm…

J’ai d’emblée été agréablement surprise par la plume de M. King, qui m’a particulièrement plu. A la fois précise et fluide, les descriptions et comparaisons ont fait mouche à chaque fois. J’admets que mon édition didactique Harraps a participé de cette prise de conscience car toutes les expressions sur lesquelles je ne me serais pas attardée étaient surlignées et traduites en marge, ce qui avait pour effet de rendre plus marquantes les tournures de phrases littéraires. Je ne recommande pas l’édition pour autant, elle était bourrée d’erreurs de typographies. Particulièrement ennuyeux, pour une version destinée à aider l’apprentissage d’une langue étrangère…

Le roman plonge très rapidement son lecteur dans l’horreur au cœur de l’histoire : la mutilation physique endurée par le personnage principal, Paul Sheldon, et le martyr longuement décrit tout au long de l’histoire. Après de premiers hauts-le-cœur, j’ai réussi à prendre un peu de recul pour endurer ces descriptions et me laisser emporter par le suspense croissant ménagé par l’auteur. J’ai énormément apprécié Paul, ses réflexions, ses doutes, son épouvante décrits minutieusement et avec un réalisme époustouflant – pour autant qu’on puisse juger de telles choses au regard de la situation exceptionnellement horrifiante. La plongée dans son processus créatif était particulièrement intéressante et soignée, c’est d’ailleurs ce que j’ai le plus apprécié du roman, car cela conférait à ce personnage une psychologie complexe et profonde.

La psychologie de sa tortionnaire n’était pas moins soignée, quoiqu’à mes yeux moins captivante car éminemment pathologique. Ces deux personnages constituent néanmoins deux points forts pour ce livre, au même titre que l’atmosphère angoissante de la maison recluse où se déroule le quasi huis clos.

En bref : un pari réussi de bout en bout, une histoire haletante à ne conseiller qu’aux lecteurs avertis. C’est très bien écrits, les personnages sont plus que convaincants, et l’atmosphère comme l’intrigue suscitent une épouvante grandissant au fur et à mesure que l’histoire progresse.