La clé de l’abîme, par José Carlos Somoza

Somoza José Carlos La llave del abismo

Daniel Kean, jeune employé ferroviaire, est marqué à vie quand, un jour de travail comme les autres, il découvre un passager avec une bombe greffée autour du thorax. Avant qu’il puisse réagir, l’étranger lui propose un marché risqué…

Accompagné d’une jeune fille dont les yeux ne voient que l’obscurité, d’un bibliothécaire sceptique et indiscret et de leurs amis étranges et puissants, Daniel Kean traversera des contrées peuplées de ténèbres, de légendes distantes et de dieux archaïques, depuis le Japon jusqu’aux confins les plus reculés de la Terre, pour trouver la Clef de l’Abîme et ainsi déchiffrer la vérité sur l’entité suprême qui régit le monde. Une vérité aussi inattendue que terrifiante.

Traduction maison de la quatrième de couverture. J’avais envie de tout réécrire, mais je me suis abstenue. Moralité, la traduction c’est vraiment pas facile…

Ce fut une lecture laborieuse… Surtout au début, alors que je ne maîtrisais pas encore assez l’Espagnol pour me laisser prendre au rythme du récit.

Ce roman nous plonge dans un monde sombre et déconcertant. Les hommes sont « designés » (prononcez de-saï-nés) par des machines pour être plus résistants et conformes aux canons de beauté. Ils vivent dans un monde aseptisé régi par une religion étrange… Basée sur la croyance profonde, elle professe que toute chose en laquelle on croit est réelle. Cela rend les cauchemars et les peurs irrationnelles très intéressantes… Au sens de la malédiction chinoise « puisses-tu vivre des temps intéressants » [1]. Mais l’espoir est permis : il est prophétisé que la découverte de la Clef de l’Abîme mettra fin au règne de Dieu et libérera l’Homme de la peur.

Dans cette religion, les croyances permettent également certaines choses incroyables, qui confinent à la magie. Voler dans les airs, voir les yeux fermés, se repérer infailliblement dans la mythique cité des morts souterraine, et bien d’autres choses encore… Ces capacités ne sont accessibles qu’aux véritables croyants, des gens capables de se convaincre de toute leur âme de leur capacité à réaliser ces choses. Au moindre doute, ils tombent… Mais ils sont assez forts pour ne pas douter.

Grosso modo, le monde est donc devenu un asile de fous (j’ai même pas eu besoin de lire la biographie de l’auteur pour comprendre qu’il était psy), où les Hommes redoutent les êtres non génétiquement modifiés (appelés hybrides). Ils sont maintenus dans un cadre par leur religion et continuent de s’y enferrer de plus en plus profondément à grand renfort de croyance aveugle et dépourvue de toute réflexion… De toute réflexion non tautologique en tous cas…

Il s’agit d’un postulat très intéressant, mais j’ai trouvé le livre très long, très lent et un peu trop tordu… Le fait que la langue soit un peu plus riche que la plupart des autres livres en Espagnol que j’ai lus jusqu’à présent n’a rien arrangé.

Les personnages ne me marqueront pas beaucoup. L’action est assez intéressante, on veut savoir comment se termine leur quête de la Clef de l’Abîme, mais rien de renversant ou particulièrement trépidant… Surtout que j’avais vu venir l’explication finale.

En bref : je suis mitigée. Le monde et la réflexion sur la foi et la croyance sont très intéressants, avec un grand luxe de détails. Pour autant je n’ai pas été convaincue par tout ça, les personnages ne m’ont pas enthousiasmée et j’ai trouvé toute l’histoire un peu trop tirée par les cheveux…

[1] Pour paraphraser Sophie Audouin-Mamikonian.