Psi-Changeling tome 8, par Nalini Singh

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Avertissement : ceci est une chronique issue d’une relecture.
Cela signifie :
  1. Que j’ai assez aimé ce livre pour le relire, plusieurs fois ;
  2. Que je suis plus sévère, parce qu’en raison de ces multiples 
    relectures, j’ai eu beaucoup d’occasions de m’attarder sur 
    ce qui me plaisait le moins.

Sophia Russo est Justice-Psi. Son don est sa malédiction : elle peut revivre les souvenirs sanglants de criminels dérangés. Lorsqu’elle se retrouve à faire équipe avec Max Shannon, un flic humain, sur une affaire de meurtres, elle sent son conditionnement faiblir. Des émotions interdites se frayent un chemin dans son esprit saturé de perversions qui ne sont pas les siennes. Dans ces conditions, céder à son attirance pour cet homme signifierait accepter les ténèbres. Celles qui l’exhortent à faire justice elle-même et à devenir juge… et bourreau.

Un tome que j’attendais avec délectation, puisqu’il traitait du monde judiciaire et que c’est un sujet pour lequel j’ai un intérêt tout particulier – déformation professionnelle, je l’admets. Malheureusement, le bref aperçu qui nous est donné ici du système juridique du monde psi-changeling relève des clichés les plus populistes et bien-pensant.

Les criminels sont tous d’horribles monstres (des violeurs assassins qui n’adorent rien tant que torturer d’innocentes jeunes filles), et les avocats qui les défendent, des pourris qui ne valent guère mieux. La police fait tout son possible pour mettre les criminels derrière les barreaux, malgré lesdits juristes qui leur mettent des bâtons dans les roues, et malgré les jurys crédules. Franchement, c’est d’une terrible naïveté et partialité qui me navrent.

Il faut ajouter l’incompatibilité de l’usage des pouvoirs J-Psi tels que décris par Mme Singh avec la conception la plus élémentaire des droits de l’homme. L’un des principes les mieux assis des droits de la défense est en effet le droit de ne pas s’auto-incriminer[1].

Au-delà de ces aspects techniques, la romance est touchante, les deux personnages sont attachants. J’ai beaucoup aimé l’histoire de Max, ce flic qu’on n’avait fait que croiser dans les tomes précédents. J’ai aussi apprécié cette volonté qu’avait Sophia de se battre jusqu’au bout pour préserver son identité, malgré le peu de choix qui s’offre à elle.

L’histoire fait battre le cœur, le suspense est bien présent, et l’intrigue principale, qui trace un fil conducteur à travers tous les tomes de la saga, continue de se développer.

En bref : un bon tome malgré les détails qui font grincer les dents de la juriste que je suis. Les personnages permettent d’aborder le monde des psis et changelings sous un angle inédit qui n’est pas inintéressant.

[1] A titre d’exemple, il est rappelé « que le droit de garder le silence et le droit de ne pas s’incriminer soi-même sont des normes internationales généralement reconnues qui sont au cœur de la notion de procès équitable » au §37 de l’arrêt Schmid-Laffer c/ Suisse 16/06/15 rendu par la 2e section, req n°. 41269/08 de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CrEDH).

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