Le Silmarillion, grande œuvre du Maître

J’ai acheté ce livre lors de mon dernier séjour à Oxford, certaine que j’allais y rester bloquée et confinée. Cela faisait looooongtemps que je voulais m’intéresser de plus près au monde du Maître, et ce légendaire ouvrage figurait au premier rang de ma PAL sur le sujet.

J’ai également opté pour une édition illustrée, avec couverture à l’avenant. Je me suis fait plaisir…

Je ressors de cette lecture admirative de la richesse de l’imagination de Tolkien, la précision de sa plume et les échos de littérature médiévale au détour d’un récit de bataille. Mais je dois admettre que je reste sur ma faim. Malgré la beauté incroyable de ce récit, j’ai eu l’impression de lire une autre Genèse, ou une épopée antique. Malgré toute la valeur littéraire de tels textes, ça ne vaut pas un bon vrai roman. Cela manque de personnages à la psychologie fouillée. Tout reste très distant, on ne rentre jamais dans le détail, même lorsqu’il s’agit de la vie d’un héro majeur du monde d’Erû. Hurin et son fils Turin, Eärendil, Gil-Galad ou Elendil : on ne sait rien d’eux. Il y a même une femme dont la destinée semble détachée de celle des hommes, Galadriel (encore que) et j’aimerais tellement en apprendre plus sur elle ! Pour les autres donzelles, aucun étonnement : leurs péripéties ne nous intéressent que comme prétexte au développement de leur époux/frère, que pour les convoitises qu’elles excitent chez des mâles plus ou moins recommandables. J’ai souvent entendu répondre aux critiques de la mixité dans le SDA/LOTR que dans le Silmarillion, il y avait une héroïne majeure, Luthien. Eh bien quelle déception ! Là aussi, le récit est trop rapide pour que cette jeune femme devienne réellement une héroïne. On ne sait rien d’elle, comme de tous les hommes qui parsèment le récit.

Je ne me souviendrai probablement d’aucun des détails de ce que j’ai lu. Tolkien se donne du mal pour créer des liens entre de multiples personnages, des aventures qui s’enchaînent alors même que les protagonistes ne se sont jamais rencontrés. Mais faute de liant humain, je suis restée détachée de cette lecture – et quoi de mieux que l’émotion pour faire retenir les détails de la géopolitique de la Terre du Milieu ?

Un dernier mot tout de même sur les illustrations, que j’ai trouvées très belles, très délicates. Il était intéressant de voir quelles images Ted Nasmith avait choisis de faire paraître. Ce n’est pas forcément celles que j’aurais retenues dans le texte. J’ai également beaucoup aimé les tables – généalogies et index qui figuraient à la fin du livre. En revanche, j’ai été assez frustrée par la carte : une grosse partie de l’intrigue se déroulait dans des terres au-delà de ses frontières. J’aurais aussi aimé y voir figurer une carte de la Terre du Milieu telle qu’elle existait au cours du Troisième Âge – sans avoir à aller chercher mon exemplaire du LOTR à chaque fois.

En bref : je ne peux que reconnaître la qualité de l’œuvre, sans pouvoir m’empêcher d’être déçue. Pourtant, le style de Tolkien m’est familier, et pour dire la vérité, je m’attendais assez aux défauts que j’ai trouvés dans le Silmarillion, à savoir l’absence de personnages porteurs. Ce volume apparaît davantage comme un synthèse en avance rapide de toute l’histoire de la Terre du Milieu depuis l’origine, que comme un réel recueil de contes.

3 commentaires sur “Le Silmarillion, grande œuvre du Maître

  1. J’hésitais à me lancer dedans là tu m’as convaincu 🙂 hésites pas à venir faire un tour sur mon site Intel-blog.fr et à t’abonner si ça te plaît 😀

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