Les clichés du roman gothique avant l’heure

Ann Radcliffe publie en 1794 The Mysteries of Udolpho. Les romantiques anglais, et les Victoriens, lui ont voué un culte. En France, Balzac, Hugo, Nodier, Féval, Sue, se souvinrent d’elle. On ignore ce qui a pu pousser cette petite bourgeoise à la vie ordinaire à raconter des histoires terrifiantes, qu’on appelle « gothiques » en Angleterre et « noires » en France parce qu’elles cherchent à provoquer la crainte chez les lecteurs.

Une histoire ayant suscité un culte chez les plus grands auteurs romantiques ? Voilà qui suffisait à susciter ma curiosité. Alors si en plus de ça Cassie propose une Lecture Commune sur Livraddict, j’étais lancée !

Oui, j’étais partie pour me perdre dans le récit. D’emblée, le style m’a plu. Cela faisait un long moment que je n’avais pas lu de choses plus anciennes que Balzac ! Je dois admettre que retrouver ces longues descriptions de paysages « romantiques » était assez agréable – et comme je l’ai annoncé sur le topic de la LC, j’ai révisé mon herbier en suivant les énumérations d’essences d’arbres.

Après des débuts houleux avec l’héroïne, Emilie, jeune, jolie et naïve, j’ai fini par apprécier le personnage. Elle progresse tout au long du roman, gagne en sagesse et en force. Malgré toutes les caractéristiques ci-dessus décrites, elle réussit à dire « non » lorsqu’il le faut, ce qui lui confère un caractère et une droiture assez appréciables.

Malheureusement, si les premières 200 pages ont suscité mon intérêt, j’ai par la suite rapidement déchanté. L’arrivée à Udolpho marque le début d’une longue, longue, longue période de calme complet et (presque) sans évolution. L’intrigue ne réussit pas à redémarrer ensuite, et les péripéties empilées les unes sur les autres, sans queue ni tête, forment un dessin curieusement circulaire et qui ne m’a pas convaincue. Cette dernière partie a consacré mon opinion maussade et j’ai achevé le livre avec soulagement.

En bref : un roman très long et répétitif. Je parlerais volontiers de clichés vus et revus, mais comme c’est précisément l’autrice de cette œuvre qui les a inventés, ces fameuses idées reçues, la critique serait malvenue. Ces défauts majeurs sont à peine rachetés par une héroïne sympathique – quoique pleureuse et victime régulière de pâmoisons intempestives – et une jolie plume harmonieuse.

Les chroniques de Cassie, Mypianocanta, Delphine B et Kircher.

Un commentaire sur “Les clichés du roman gothique avant l’heure

  1. C’est vraiment le truc qui à mon avis freine notre lecture : ces clichés pour mous qui à l’époque n’en sont pas encore (avec le côte un peu abracadabrantesque de l’intrigue).
    J’en garde finalement un très bon souvenir et je suis contente de l’avoir lu. Merci la LC 🙂

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