Le roman de monsieur de Molière, de Mikhaïl Boulgakov

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Biographie de Molière et premier roman d’un auteur russe.

En passant j’en profite pour marquer l’étape, et ajouter un pays à ma liste de pays visités dans le cadre du challenge « tour du monde ».

Pour dire simplement les choses, j’ai adoré.

Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de la plume vive et malicieuse de Monsieur Boulgakov. Tour à tour tendre et compatissant, ou quelque peu taquin et ironique, il nous décrit « son héros », Molière, il célèbre son œuvre et raconte sa vie.

Réussir à rendre intéressant un tel récit doit être un défi complexe. Chacun connaît quelques bouts de la vie de Jean-Baptiste Poquelin. La ruine de sa première troupe à Paris, l’errance, l’arrivée du succès avec son premier patronage, jusqu’à obtenir la faveur du Roi-Soleil et la mort sur scène alors qu’il jouait Le Malade imaginaire.

Mais Monsieur Boulgakov raconte tout cela avec un art consommé. Il nous rend Molière attachant, terriblement attachant, nous fait la liste de ses misères sans devenir pesant. Il célèbre le talent et la foi du grand homme en sa vocation. Il porte aux nues la capacité de Molière à persister dans sa voie alors qu’on ne reconnaît pas son « génie », puisque c’est ce qu’il est aux yeux de Monsieur Boulgakov. J’ai énormément admiré cette volonté, cette certitude dont Molière a fait preuve contre vents et marées. Malgré tous les échecs, les difficultés économiques, les moqueries, il a persisté et continué à faire du théâtre. En tout cas, c’est ainsi que le présente son biographe.

L’auteur continue en décrivant le talent de Molière dans sa gestion des Grands, son habileté à jongler entre flatterie face à la Cour et moquerie dans ses pièces. Molière a réussi parce qu’il a su faire preuve d’adresse mondaine, et se mettre Louis XIV dans la poche, si vous me passez l’expression.

Monsieur Boulgakov ne fait pas pour autant l’impasse sur les aspects les moins reluisants de la vie du grand dramaturge. Il s’interroge par exemple longuement sur la filiation d’Armande Béjart, l’épouse de Molière, dont certains ont supputé qu’elle était également sa fille. Ainsi réussit-il à créer un portait nuancé qui ne fait que rendre plus réaliste son personnage.

J’ai donc souri à de nombreuses reprises sous les traits d’esprit de Monsieur Boulgakov, les louanges toujours critiques dont il couvrait Molière et ces petites piques qu’il lui adresse de temps à autre, en soulignant les éventuels errements dont le comédien s’est rendu coupable.

En bref : j’ai passé un excellent moment avec cette biographie, alors que c’est un genre dont je ne raffole habituellement pas. Molière apparaît comme un personnage complexe et attachant. L’écriture de Monsieur Boulgakov constitue une excellente découverte, j’ai adoré son talent pour l’ironie et les traits d’humour mordants.

PS : la quatrième de couverture officielle de la page BBM de ce roman affirme qu’il poursuivait un objet politique, dressant un parallèle entre Louis XIV et Staline. Pourquoi pas… Mais je vous avoue que je ne l’ai perçu à aucun moment, et qu’un lecteur contemporain ne connaissant pas la vie de l’auteur ne s’en rendra sûrement pas compte.

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